Le loup-garou ou lycanthrope est un personnage de légende, vagabond et malfaisant, qui passait pour avoir le pouvoir de se transformer en loup. Le terme « garou » vient du francique werwolf qui signifie déjà « homme-loup » (« wer » représente la même racine que le latin « vir », l’homme). Originellement, wolf voulait aussi dire « voleur ». Le terme latin équivalent est versipelles.[1]
Collin de Plancy, dans son Dictionnaire infernal, publié en 1818, définit la lycanthropie comme une « maladie qui, dans les siècles où l’on ne voyait partout que démons, sorcelleries et maléfices, troublait l’imagination des cerveaux faibles, au point qu’ils se croyaient métamorphosés en loups-garous, et se conduisaient en conséquence. Les mélancoliques étaient plus que les autres disposés à devenir lycanthropes, c’est-à-dire hommes loups. »
Le loup-garou de légende
La légende du loup-garou
Selon la légende, lors des nuits de pleine Lune, l’humain loup-garou, se transforme en un loup énorme avec des sens sur-développés et acquiert les caractères attribués à cet animal : puissance musculaire, agilité, ruse et férocité. Il chasse et attaque sans merci ses victimes pour les dévorer, ne contrôlant plus ses faits et gestes, et pouvant tuer de nombreuses victimes en une seule nuit. Les gens se sont mis à chasser les loups, s’en protégeant avec de l’eau bénite et les tuant avec une balle en argent.
Selon ces mêmes légendes, les loup-garous souffrent de la même répulsion que les vampires pour les choses sacrées et étaient, de même, considérés comme créatures du Diable. Ils se répandaient par morsures, et la malédiction commençait dès la première pleine lune après que la victime se soit fait mordre, et revenait à chaque pleine lune, sans que la victime ne puisse faire autre chose que subir sa malédiction ou mourir.
De même, selon la légende, les humains loup-garous pouvaient conserver quelques caractéristiques, telles une modification de leur voix et de leurs yeux, des sourcils se rejoignant au-dessus du nez, des ongles légèrement rougeâtres, le majeur un peu plus long, les oreilles implantées un peu plus bas et en arrière de la tête, et de façon générale un peu plus de poils sur les mains, les pieds et dans le dos. En dehors de la légende, les faits historiques concernant la lycanthropie poussent à décrire le lycanthrope comme suit : selon Jean Wier, les malades atteints de lycanthropie sont pâles, ont les yeux enfoncés et la langue fort sèche.
Mais, à partir du XVe siècle, les légendes, en Scandinavie, en Russie occidentale et en Europe centrale, font état de l’existence de philtres magiques pouvant aider les humains loup-garous à retrouver tout leur aspect humain.
La lutte contre le loup-garou
Le Lycanthrope ne se transformant qu’à la pleine lune, il suffit de l’enfermer durant cette période dans une cage ou une cellule solidement fermée et cadenassée.
Une fois la transformation effectuée, le lycanthrope voit ses forces décuplées, la seule arme efficace pour le tuer est un pistolet ou mieux un fusil à balles d’argent, si possible bénites.
L’exorcisme reste une autre façon de chasser l’esprit démoniaque qui a pris possession du corps du malheureux maudit et ainsi peut-être de sauver sa vie.
Pour survivre à coup sûr, il faut le toucher en plein cœur et la balle doit y rester. Si vous pouvez y parvenir avec une lance ou un pieu (il faut transpercer son cœur), il faut que la lame soit entièrement en argent et bénie au nom du saint des chasseurs. Pour le garder sans danger, il faut une cage en argent (bénie elle aussi). L’argent béni lui provoque des brûlures qu’il déteste et qu’il ne supporte pas; il ne touchera pas les barreaux de sa cage bien longtemps, si elle lui résiste, il devient plus furieux, ce qui lui donne encore plus de force.
Le mythe du loup-garou
Le mythe du loup-garou est très ancien et commun à de nombreux peuples européens. Du point de vue de la mythologie, le loup-garou a longtemps été indissociable du vampire, les deux étant en fait un seul et même monstre (le vampire historique n'a que peu à voir avec le vampire byronien, aristocrate et charmant).
Au Ve siècle av. J.-C., Hérodote parle d’une race d’hommes habitant les contrées des bords de la mer Noire et capables en tant que magiciens habiles de se métamorphoser à volonté en loups, puis de reprendre leur apparence humaine.
Dès cette époque il y avait une croyance au fait que des êtres humains anthropophages, par la pratique de la magie, prenaient l’apparence d’un loup pour satisfaire plus facilement leurs appétits monstrueux.
La mythologie grecque raconte que Latona, la mère d’Apollon, se protégeait de la colère d’Héra en se transformant en louve.
Ovide (-43-17), rapporte aussi que Lycaon, roi d'Arcadie et ses cinquante fils qui étaient réputés pour leur impiété, servirent parmi de nombreux plats à Zeus qui était venu leur rendre visite sous l’apparence d’un pauvre hère, un plat à base de chair humaine qui s’avèra être celle du plus jeune des fils. Ainsi il pourrait démasquer le Dieu des Dieux. Mais ce dernier, indigné, repoussa au loin la table du festin, foudroya tous les fils du roi, sauf Nyctimos, qui monta sur le trône et changea Lycaon en loup :
Ses vêtements se changent en poils, ses bras en jambes
devenu un loup il conserve encore des vestiges de son ancienne forme.
Il a toujours le même poil gris, le même air farouche, les mêmes yeux ardents ;
il est toujours l’image de la férocité.
Ovide, les Métamorphoses
Virgile en parle également dans sa huitième églogue, où il fait dire à Alphésibée : « J’ai vu Moeris se faire loup et s’enfoncer dans les bois ».
Pline le Jeune raconte la métamorphose d’un homme coupable en fuite qui, traversant à la nage les eaux d’un lac, est devenu un loup en arrivant sur la rive opposée.
Au Ier siècle, Arétée de Cappadoce explique que certains hommes qui se sentent transformés en loup sont travaillés par les appétits et les affres de cet animal féroce, se jettent sur les troupeaux et les hommes pour les dévorer, sortent la nuit de préférence, hantent les cimetières et les monuments, hurlant à la mort, avec une perpétuelle altération, les yeux enfoncés et hagards, ne voyant qu’obscurément comme s’il était entouré de ténèbres, les jambes meurtries par les égratignures et les morsures de chiens.
Les médecins latins connaissaient une maladie qu’ils nommaient insania lupina (folie louvière ou rage lupine).
De nombreuses autres légendes en Scandinavie, en Russie occidentale et en Europe centrale, font référence aux loups-garous. Les garous scandinaves ne sont par frappés du même ostracisme qu’ailleurs et, sans être ordinaire, le garou est plus ou moins accepté dans la société.
Au XIIe siècle, Guillaume de Palerme parle du Leu-Garou. De nombreux sorciers avaient à l’époque pris l’habitude de courir dans les champs, les nuits de pleine lune, munis de peaux de loup, afin d’effrayer les populations.
De la fin du Moyen Âge et durant la Renaissance, en un peu plus de cent ans, on a enregistré, en France, près de 30 000 procès de loup-garous. Les populations rurales croyaient fortement à l’existence de ces « hommes loups » qui ravageaient les campagnes et s’attaquaient aux animaux comme aux être humains. En Europe, du XVe au XVIIIe siècle, près de 100 000 personnes ont été reconnues comme loup-garou et condamnées à être brûlées vives. Selon Collin de Plancy, des dizaines de milliers d’autres ont péri, sans autre forme de procès, lorsqu’un villageois était soupçonné d’être un loup-garou, il était attrapé et écorché vif, car la légende voulait que les poils se cachaient sous la peau.
Lors du XXe siècle, plusieurs affaires ont été liées au mythe du loup-garou :
l’affaire de la « bête de Sarlat », en Dordogne, jamais élucidée ;
l’affaire de la « bête de Senonges » dans les Vosges qui en 1994 égorgea plus de 80 animaux ;
l’affaire de la « bête du Valais », en Suisse, jamais élucidée ;
l’affaire de la « bête de Noth », en Suisse, jamais élucidée ;
Très récemment, le journal Courrier international du 6 novembre 2003 - n° 679, rapporte ces témoignages insolites tenus devant le tribunal criminel de Lausanne (Suisse) où un homme est poursuivi pour avoir massacré son épouse à coups de couteau : « J’ai vu ses canines pousser. Elles dégageaient une odeur étrange. Comme celle d’un loup-garou ». L’accusé a conservé « un contact avec la réalité », indiqua de son côté l’expert psychiatrique.
Un mythe plus large
On retrouve le mythe de l’homme se transformant en animal féroce dans d’autres cultures.
Dans le panthéon de l’Égypte ancienne, de nombreux dieux étaient représentés sous la forme d’un hybride, moitié homme et moitié animal.
En Afrique, on connaît la très forte présence de l’homme-léopard, et même de l’homme-chacal et de l’homme-hyène, en Asie de l’homme-tigre, et en Océanie de l’homme-requin.
Le loup est aussi associé à la sexualité, à travers le dicton populaire, non innocent, qui disait à propos d’une jeune fille déflorée qu’elle « a vu le loup ».
L’affaire de la bête du Gévaudan est aussi liée à ce mythe, bien qu’il soit plus ou moins avéré, aujourd’hui, qu’il s’agissait d’un gros chien ou d'un animal ramené d'Afrique, entrainé à traquer et à tuer par son maître, probablement un seigneur pervers ou un de ses valets. On expliquerait son incroyable résistance et son allure étrange par le fait qu'elle aurait porté une cuirasse en peau de sanglier (comme celles des chiens de guerre antique).
Le loup-garou comme construction psychologique
Anthropologie
La figure du loup, depuis la plus haute Antiquité jusqu’à nos jours, évoque la fascination de l’homme pour sa face sombre, pour sa cruauté naturelle qui peut revenir lorsqu’il se libère des contraintes que la civilisation lui impose. Le loup-garou fascine par sa force et son audace, il peut être le miroir déformant d’êtres mal à l’aise dans la société et qui ne parviennent pas à se présenter sous leur meilleur aspect. Certains théoriciens de l’école pessimiste anglo-saxonne ont magnifié cette énergie carnassière comme propre à la nature humaine. Dans ses pires moments, "l’homme est un loup pour l’homme" (Hobbes), à tel point qu'il lui arrive de se dévorer lui-même.
Psychiatrie
En psychiatrie, la lycanthropie est une monomanie par laquelle le malade se croit changé en loup. Le terme « lycanthrope » vient lui du grec lycos (« loup ») et anthropos (« homme »). C’est donc un être humain qui se croît transformé en loup, à intervalles réguliers, souvent les nuits de pleine lune. Certains hommes de tout temps furent réellement frappés par cette psychose, la « lycanthropie ».
Le loup-garou au cinéma
The Werewolf, film de Henry McRae, 1913. Premier film (18 min) à traiter du loup-garou.
Le Monstre de Londres, film de Stuart Walker, 1935
Le Loup-Garou (The Wolf Man) réalisé en 1941 par George Waggner avec Lon Chaney Jr. et Claude Rains
Frankenstein rencontre le Loup-garou (Frankenstein meets the Wolf man) réalisé en 1943 par Roy William Neill avec Lon Chaney Jr. et Bela Lugosi
La Fille du loup-garou, film de Henry Levin, 1944
Le Loup-garou, film de Fred Sears, réalisé en 1956
La Nuit du loup-garou (The Curse of the Werewolf) réalisé en 1961 par Terence Fisher avec Oliver Reed et Clifford Evans
Moon of the wolf, téléfilm de Daniel Petrie, 1972
Le Loup-garou de Washington, film de Milton Ginsberg, 1973
Frankenstein rencontre le loup-garou, film de Roy William Neill; (1974)
Legend of the Werewolf, film de Freddie Francis, 1975
Dans les griffes du loup-garou (La Maldicion de la bestia) réalisé en 1975 par Miguel Iglesias Bonns avec Paul Naschy et Grace Millis
Le Loup-garou de Londres (An American Werewolf in London) réalisé en 1981 par John Landis avec David Naughton et Griffin Dunne
La Compagnie des loups de Neil Jordan (1984)
Série Howling (Hurlements), - 6 épisodes en 1991
Wolf, réalisé en 1994 par Mike Nichols, avec Jack Nicholson et Michelle Pfeiffer
Pleine lune (Bad Moon) réalisé en 1996 par Eric Red, avec Michael Paré, Mariel Hemingway et le berger allemand Thor
Le Loup-garou de Paris (An American Werewolf in Paris) réalisé en 1997 par Anthony Waller avec Julie Delpy et Tom Everett Scott
Dans la série Buffy contre les vampires, un des membres de l’équipe est un loup-garou ;
Ginger Snaps, réalisé en 2000, par John Fawcett
Dog Soldiers de Neil Marshall, réalisé en 2002 avec Sean Pertwee ;
Underworld, réalisé en 2003 par Len Wiseman, avec Kate Beckinsale et Scott Speedman
Big Fish, réalisé en 2003, par Tim Burton
Van Helsing réalisé en 2004 par Stephen Sommers
Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, réalisé en 2004 par Mike Newell, avec Daniel Radcliffe et Gary Oldman
Cursed sorti en 2005, réalisé par Wes Craven, avec Christina Ricci et Joshua Jackson
Underworld 2 - Evolution, réalisé en 2006 par Len Wiseman, avec Kate Beckinsale et Scott Speedman.